
Avant de devenir un phénomène coop explosif à la troisième personne avec Helldivers 2, la licence s’est d’abord fait les dents sur un petit bijou de brutalité tactique en vue du dessus : Helldivers premier du nom. Sorti en 2015, ce titre développé par Arrowhead Game Studios proposait déjà tout ce qui fait le charme de la série : de la coopération pure et dure, des missions punitives, un système de tir ami sans pitié… et une bonne grosse dose d’humour satirique sur fond de propagande militariste.
Ici, pas de héros solitaires ni de glorification individuelle. Vous êtes un rouage dans la machine de la Super-Terre, envoyé en mission pour apporter la démocratie aux quatre coins de la galaxie — que les peuples le veuillent ou non. Et autant dire que sur le terrain, la démocratie s’applique à coups de bombes orbitales, de mines antipersonnel et de fusillades « accidentelles » entre camarades.
Pourquoi revenir aujourd’hui sur ce premier Helldivers ? Parce qu’il reste encore, des années plus tard, un modèle d’équilibre entre challenge, coordination et fun chaotique. Et qu’il a posé les bases solides d’une série qui ne fait rien comme les autres.

Développement du jeu
Derrière Helldivers, on trouve le studio suédois Arrowhead Game Studios, déjà connu à l’époque pour Magicka, un autre jeu coopératif où le chaos entre amis est quasiment une mécanique de base. Avec Helldivers, le studio pousse cette philosophie encore plus loin : un jeu pensé pour le multijoueur, où l’entraide est vitale, mais où chaque erreur peut aussi bien venir d’un ennemi que d’un coéquipier trop nerveux sur la gâchette.
Sorti initialement en mars 2015 sur PS3, PS4 et PS Vita, Helldivers fait partie des rares jeux de l’époque à proposer du cross-play entre ces trois plateformes. Une version PC suivra quelques mois plus tard, permettant à encore plus de joueurs de découvrir ce mélange explosif de stratégie et de chaos contrôlé (ou pas).
Le jeu repose sur un concept simple mais efficace : une guerre galactique menée par la « Super-Terre » contre trois races extraterrestres aux profils bien distincts. Le tout est habillé d’un humour noir et d’un ton volontairement propagandiste, avec des affiches et slogans qui rappellent les films de Starship Troopers, grande inspiration assumée du jeu.
Le moteur graphique n’a rien de tape-à-l’œil, mais il fait parfaitement le job : explosions, nuées d’ennemis, effets de lumière, tout est lisible… jusqu’au moment où tout explose. Et c’est souvent là que Helldivers brille : dans sa capacité à générer des situations imprévues, mémorables, et souvent hilarantes.

Prise en main
Helldivers ne perd pas de temps à vous prendre par la main. Après un rapide tutoriel qui vous apprend les bases du déplacement, du tir, et surtout l’utilisation des stratagèmes, vous êtes immédiatement largué sur le terrain. Et si la première mission semble relativement tranquille, le jeu ne tarde pas à dévoiler sa vraie nature : chaque erreur se paie cash, chaque oubli de recharger peut être fatal, et chaque commande de soutien peut aussi bien vous sauver… que vous vaporiser.
La difficulté est progressive, mais jamais indulgente. Il ne s’agit pas d’un jeu où l’on devient un héros invincible : ici, la moindre distraction peut ruiner toute une mission, surtout quand on découvre que la tourelle automatique ne fait pas de différence entre les amis et les ennemis. Le stress monte vite, et c’est ce qui fait aussi le charme du jeu : ce sentiment de ne jamais être en sécurité, même entre alliés.
En solo, le jeu est jouable, mais l’expérience perd en richesse. Certaines missions deviennent particulièrement ardues sans renfort, et le fun du jeu repose en grande partie sur les interactions entre joueurs : les cris, les erreurs bêtes, les sauvetages in extremis, les morts absurdes. Helldivers est clairement pensé pour être vécu en groupe, avec une bonne dose d’auto-dérision et un soupçon de patience.
Heureusement, le système de matchmaking fonctionne bien, et il est facile de rejoindre d’autres soldats de la démocratie à n’importe quel moment. Même si les choses partent souvent en vrille, la courbe d’apprentissage est fluide, et chaque échec est une leçon déguisée.

Progression et personnalisation
Dans Helldivers, la progression ne repose pas sur des arbres de talents complexes ou des systèmes de loot interminables. Ici, tout est pensé pour servir l’efficacité sur le terrain, avec un système à la fois simple, lisible et gratifiant.
Chaque mission réussie vous rapporte de l’XP et des ressources. L’XP permet de monter en niveau, débloquant progressivement de nouveaux stratagèmes et de nouveaux défis planétaires. Les ressources, quant à elles, sont utilisées pour améliorer vos stratagèmes, les rendant plus efficaces ou plus rapides à déployer. Ce système permet aux joueurs de spécialiser leur style : certains privilégieront les frappes puissantes, d’autres miseront sur la mobilité ou le soutien.
La personnalisation de votre soldat passe par le choix de l’équipement : armures, armes principales et secondaires, ainsi que les stratagèmes à emporter en mission. Si les options ne sont pas infinies, elles sont suffisamment variées pour encourager l’expérimentation. Plutôt sniper discret ? Mécha lourdement armé ? Soutien ravitailleur ? Chaque rôle a sa place… et sa façon très personnelle de mourir dans un tir croisé.
Ce qui rend la progression particulièrement satisfaisante, c’est qu’aucun équipement ne rend le jeu facile. Les nouvelles armes ou gadgets ne sont pas des « cheat codes », mais des outils à maîtriser. Un stratagème mal utilisé peut ruiner une mission. Un chargeur mal vidé peut mettre tout le monde en danger. L’apprentissage est constant, et chaque amélioration débloquée donne envie de replonger immédiatement dans l’action pour la tester.

Ambiance et univers
Derrière ses airs de jeu tactique exigeant, Helldivers est avant tout une satire futuriste parfaitement assumée. L’univers du jeu baigne dans une propagande militaire volontairement grotesque, où chaque mission est justifiée par la nécessité sacrée de propager la « vraie démocratie » — même si cela implique de raser des planètes entières ou de sacrifier une escouade entière pour extraire une boîte noire.
Le ton est posé dès l’introduction : vidéos d’endoctrinement dignes de Starship Troopers, slogans patriotiques ridicules, voix-off autoritaire… tout est pensé pour faire sourire tout en dépeignant un univers où l’individu ne compte pas, seul compte l’objectif. Même la mort — omniprésente — est glorifiée comme un acte de dévotion envers la Super-Terre.
Les trois factions ennemies (les Insectes, les Cyborgs et les Illuminés) sont autant de clichés SF exagérés : chacun avec ses particularités, ses forces, et sa façon de vous pourrir la vie. Loin de se contenter d’être des obstacles, ces ennemis participent à la construction de l’univers : les Insectes forment une horde impitoyable, les Cyborgs sont des brutes technologiquement avancées, et les Illuminés incarnent une menace plus étrange, presque mystique.
Les décors, bien que sobres graphiquement, renforcent cette ambiance : paysages hostiles, ciels menaçants, bases militaires désaffectées… On se sent réellement en territoire ennemi, constamment sous pression. Et quand l’extraction finale se joue dans un nuage de tirs croisés et d’explosions, difficile de ne pas se sentir comme un héros de guerre — du moins pendant les trois secondes avant de mourir sous une frappe alliée.

Conclusion
Helldivers n’est pas un jeu parfait, mais c’est un jeu parfaitement cohérent avec sa vision : un concentré de coopération, de tension, et d’absurde, où chaque mission peut virer au désastre total… ou à une victoire éclatante arrachée dans les dernières secondes. Il ne cherche pas à séduire par des artifices ou un scénario complexe. Ce qu’il propose, c’est un gameplay exigeant, honnête et furieusement fun — à condition d’aimer le chaos contrôlé, le vrai.
Même des années après sa sortie, le jeu conserve une identité forte, avec un ton satirique rafraîchissant et un système coopératif qui reste, encore aujourd’hui, un exemple du genre. Il a su poser les bases d’une formule qui, avec Helldivers 2, a explosé en popularité… mais tout a commencé ici, dans la sueur, le feu, et les cris de panique au moment d’une extraction ratée.
Alors si vous aimez les défis, les parties entre amis qui virent au bordel organisé, et les jeux qui ne vous prennent jamais vraiment au sérieux tout en vous mettant à rude épreuve… Helldivers mérite clairement une (re)découverte.
