Plongée dans un univers cyberpunk aux accents rétro-futuristes, ANNO: Mutationem est un jeu qui ne laisse personne indifférent. Mêlant habilement des graphismes en pixel art et des environnements en 3D, il offre une esthétique unique et une ambiance immersive qui rappelle les grandes œuvres du genre. Sorti un peu discrètement, ce titre indépendant signé ThinkingStars mérite pourtant qu’on s’y attarde.
Entre action nerveuse, phases d’exploration et narration mystérieuse, ANNO: Mutationem brouille les lignes entre plusieurs genres pour livrer une expérience atypique, portée par une héroïne charismatique et une direction artistique marquante. À mi-chemin entre le hack’n slash et le jeu d’aventure narratif, il propose un voyage aussi étrange que fascinant dans les tréfonds d’une mégalopole futuriste en déliquescence.

Développement du jeu
ANNO: Mutationem est développé par le studio indépendant chinois ThinkingStars, un nom encore peu connu à l’international au moment de la sortie du jeu. Soutenu par l’éditeur Lightning Games, le projet a su attirer l’attention dès ses premières présentations grâce à son style visuel audacieux et son ambiance cyberpunk prononcée.
Développé sous Unity, le jeu a nécessité plusieurs années de travail, avec une première apparition remarquée lors de salons comme le ChinaJoy ou le PlayStation China Hero Project, un programme visant à mettre en avant des talents du développement vidéoludique chinois. Ce soutien a permis au studio de peaufiner son titre, qui a finalement vu le jour en mars 2022 sur PlayStation 4, PlayStation 5 et PC.
Ce qui frappe d’emblée, c’est le soin apporté à la direction artistique. Le style « 2.5D » – mêlant sprites en pixel art détaillés et environnements 3D – donne au jeu une identité visuelle forte, à mi-chemin entre nostalgie et modernité. L’équipe de ThinkingStars semble avoir mis un point d’honneur à créer un univers cohérent et vivant, en dépit de moyens limités.
ANNO: Mutationem n’est pas un AAA, mais il transpire la passion et l’envie de proposer quelque chose de différent, quitte à prendre des risques en matière de narration et de gameplay.

Gameplay
ANNO: Mutationem est un jeu hybride qui mêle plusieurs genres avec une certaine audace. À la croisée entre le jeu d’action, le hack’n’slash et l’exploration narrative, il propose une expérience dynamique et variée, portée par une structure semi-ouverte et une alternance entre phases en 2D et en 3D.
Le cœur du gameplay repose sur des combats en temps réel particulièrement fluides. Le joueur incarne Anne, une guerrière aussi agile que redoutable, capable d’enchaîner les combos au corps-à-corps ou d’attaquer à distance avec diverses armes. Les affrontements sont rythmés, exigeants mais accessibles, avec une courbe de progression bien dosée. On débloque au fil du jeu de nouvelles compétences et améliorations, offrant une certaine personnalisation du style de jeu.
Mais ANNO: Mutationem, ce n’est pas que de l’action. Le jeu accorde également une large place à l’exploration. Entre deux combats, on se déplace librement dans des environnements urbains en 3D, on dialogue avec des PNJ, on interagit avec des objets, on accepte des quêtes secondaires… Le changement de perspective entre les phases en 3D (exploration) et celles en 2D (combat) apporte un vrai dynamisme à l’ensemble, sans jamais briser la cohérence visuelle ou narrative.
À cela s’ajoutent quelques mécaniques de crafting et de gestion d’équipement, légères mais bien intégrées, permettant notamment de créer de nouvelles armes ou d’améliorer ses capacités. Ces systèmes ne sont pas envahissants, mais ils ajoutent une petite touche RPG bienvenue à l’ensemble.
Les développeur on sue créer un sentiment d’immersion fort grâce à son ambiance sonore, ses décors détaillés et la qualité d’écriture de certains dialogues, notamment ceux entre Anne et son fidèle acolyte Ayane, qui apporte une touche d’humour et d’humanité bienvenue.

Scénario
Le scénario et les différentes accroches pour garder le joueur captivé
Dans ANNO: Mutationem, on incarne Anne Flores, une combattante d’élite qui traverse un monde cyberpunk en proie au chaos technologique. Dès les premières minutes, le jeu plante le décor : Anne est à la recherche de son frère disparu, tout en luttant contre une mystérieuse maladie dégénérative. Cette double intrigue – personnelle et mystérieuse – forme la trame principale du jeu, et constitue une accroche immédiate pour le joueur.
Ce qui rend le scénario captivant, c’est sa manière de distiller les informations au compte-gouttes. On explore un univers dense, peuplé de factions, de mégacorporations et de secrets bien gardés, le tout enrobé dans une atmosphère néo-noire très marquée. Les dialogues, souvent drôles ou énigmatiques, renforcent l’attachement aux personnages – en particulier la relation entre Anne et Ayane, son amie hackeuse qui communique avec elle en temps réel via un système de réalité augmentée.
Les rebondissements
Au fil de l’aventure, le récit prend des tournures inattendues. De simples missions d’enquête se transforment parfois en descentes vertigineuses dans des laboratoires secrets, des ruines high-tech ou des réalités altérées. Le jeu aime brouiller les pistes, mêlant science-fiction, transhumanisme et réflexions existentielles sur l’identité, la mémoire et la conscience.
Certains rebondissements remettent en question ce que l’on pensait avoir compris de l’univers ou des motivations des personnages, ce qui pousse le joueur à rester attentif, voire à reconsidérer ses choix ou interprétations passées. Même si le jeu reste relativement linéaire, il parvient à maintenir une tension narrative constante jusqu’à son dénouement.
Les différentes fins du jeu (sans trop de spoil)
ANNO: Mutationem propose plusieurs fins, en fonction de certaines actions réalisées tout au long de l’aventure. Ces variations dépendent en partie des choix de dialogues, de la complétion de certaines quêtes secondaires et du niveau d’exploration de l’univers du jeu. Sans en dire trop, il est possible d’obtenir une fin plus sombre ou plus lumineuse, selon la manière dont on accompagne Anne dans sa quête.
Cette structure incite à rejouer le jeu, ou du moins à rester attentif aux détails et aux choix apparemment anodins. Elle donne une certaine profondeur à l’expérience narrative, sans pour autant la rendre frustrante ou opaque.

Conclusion
ANNO: Mutationem est une œuvre singulière, qui ose mélanger les genres et les styles avec une personnalité marquée. Derrière son esthétique pixel art somptueuse et son univers cyberpunk dense se cache une aventure profondément humaine, portée par des personnages attachants et une narration maîtrisée.
Malgré quelques imperfections – notamment une certaine linéarité ou des mécaniques de RPG qui auraient gagné à être un peu plus développées – le jeu réussit à se démarquer dans le paysage des jeux indépendants. Sa direction artistique, son gameplay nerveux et son ambiance immersive en font une expérience à part, idéale pour celles et ceux qui cherchent un jeu à la fois stylé, touchant et original.
Ce n’est pas un titre qui révolutionne le genre, mais il a le mérite d’oser, de proposer un univers riche et de captiver le joueur jusqu’à la fin. Un vrai coup de cœur pour les amateurs d’univers cyberpunk et de récits introspectifs.
