The Room 3 – Le casse-tête devient monde

L’évolution naturelle d’un concept

Avec deux premiers épisodes aussi maîtrisés qu’atmosphériques, la série The Room s’est imposée comme une référence dans le monde discret mais exigeant du puzzle game. The Room 3 franchit un cap décisif : plus qu’une simple suite, c’est une réinvention subtile, qui conserve l’ADN de la série tout en étendant son ambition. Plus grand, plus long, plus libre, ce troisième opus transforme l’expérience d’un simple enchaînement d’énigmes en une exploration à échelle réduite.



Développement : La maturité de Fireproof Games

Sorti en 2015, The Room 3 marque une étape importante dans le parcours de Fireproof Games. Le studio britannique, désormais aguerri, capitalise sur les acquis de ses précédents succès et repousse ses propres limites. L’interface est toujours aussi intuitive, l’ambiance sonore soigneusement travaillée, mais la grande nouveauté réside dans l’environnement semi-ouvert.

Le joueur ne se contente plus de résoudre des boîtes dans une pièce : il explore un manoir mystérieux, se déplace librement d’une pièce à l’autre, et interagit avec plusieurs structures en parallèle. Le jeu gagne ainsi en densité narrative, en immersion, et surtout en profondeur de jeu.

Gameplay : Liberté, complexité, immersion

The Room 3 reprend les éléments classiques de la série — objets à manipuler, lentille révélatrice, énigmes imbriquées — mais introduit désormais une dimension spatiale : on ne résout plus un puzzle isolé, on progresse dans un environnement cohérent, où chaque salle, chaque mécanisme, chaque détail peut faire sens ailleurs.

Le joueur devra ainsi :

  • Observer et manipuler de nouveaux objets plus complexes
  • Explorer des pièces entières
  • Résoudre des énigmes parfois liées entre elles sur plusieurs tableaux
  • Débloquer plusieurs fins alternatives, en fonction de ses choix ou découvertes

Le rythme reste calme, mais l’intensité monte, car certaines énigmes sont désormais véritablement corsées. Heureusement, le jeu propose un système d’indices bien dosé pour éviter la frustration.



Scénario : L’ombre du « Craftsman »

Le récit gagne également en consistance. Exit les simples notes anonymes : ici, une figure se dessine, celle du Craftsman, mystérieux personnage qui semble nous observer, nous guider ou nous manipuler. L’atmosphère reste fidèle aux précédents jeux, mêlant science étrange et occultisme discret, mais elle devient plus personnelle, plus dirigée.

On a parfois la sensation d’être un cobaye, enfermé dans un univers façonné pour nous. Les décors renforcent ce sentiment : prison souterraine, atelier ancien, jardin d’hiver, salle d’expérimentation… autant de lieux qui racontent une histoire par leur seule présence.

Conclusion : Un sommet dans la série

The Room 3 réussit à garder l’équilibre délicat entre nouveauté et fidélité. Il enrichit considérablement l’expérience sans perdre ce qui faisait la force des deux premiers jeux. C’est une aventure plus dense, plus engageante, qui pousse le joueur à l’exploration tout en continuant à offrir des énigmes brillamment conçues.

Avec ses fins multiples, son univers étendu et sa durée de vie qui dépasse facilement les 5 heures, The Room 3 s’impose comme l’un des meilleurs épisodes de la série. Il prépare aussi le terrain pour une nouvelle évolution, que l’on découvrira dans The Room: Old Sins. Mais d’ici là, ce troisième volet est à savourer lentement, comme une horloge dont on démonte chaque rouage avec soin et fascination.