Cloudpunk – Une immersion au cœur d’un cyberpunk poétique

Il y a des jeux qui misent tout sur l’action, d’autres sur la stratégie ou encore la compétition. Et puis il y a CLOUDPUNK, une expérience à part, presque contemplative, qui nous plonge dans un univers cyberpunk à la fois mélancolique et fascinant. Ce n’est pas un jeu où l’on tire, où l’on court ou où l’on monte en niveau frénétiquement. Ici, on conduit, on livre, on écoute, et surtout… on observe.

Dans la peau de Rania, nouvelle recrue d’un service de livraison semi-légal, on découvre Nivalis, une mégalopole verticale où les néons percent la brume, où les intelligences artificielles côtoient les derniers fragments d’humanité. Ce qui m’a attiré dans CLOUDPUNK, c’est justement ce rythme lent, cette ambiance soignée, et cette capacité à raconter une histoire à travers les silences, les trajets en HOVA, les dialogues éthérés. Un jeu idéal pour décrocher, se plonger dans une ambiance futuriste immersive, et laisser filer le temps au gré des missions.



Développement du jeu

CLOUDPUNK est un projet signé ION LANDS, un petit studio indépendant basé à Berlin. Loin des gros budgets AAA, le studio a misé sur une direction artistique forte et une narration immersive pour se faire une place dans le paysage vidéoludique. Le jeu est sorti le 23 avril 2020, d’abord sur PC, avant de rejoindre ensuite les consoles (PS4, Xbox One, Nintendo Switch), avec des versions optimisées pour les générations suivantes.

Le style visuel si particulier de CLOUDPUNK repose sur une esthétique voxellisée, un choix audacieux qui confère à Nivalis une identité visuelle immédiatement reconnaissable. Malgré son aspect “low poly”, la ville grouille de détails, de lumières, de pluie et de circulation, donnant une impression de vie constante.

Le développement a misé avant tout sur l’atmosphère et la narration environnementale. Le studio a également été à l’écoute de la communauté : plusieurs mises à jour ont enrichi l’expérience, avec notamment la possibilité de personnaliser son véhicule, d’explorer plus librement à pied, et surtout la sortie d’un DLC majeur, City of Ghosts, qui prolonge l’histoire de Rania tout en proposant de nouveaux personnages jouables, de nouvelles zones et des choix narratifs encore plus poussés.

ION LANDS ne s’est pas arrêté là. Fort de l’accueil reçu par CLOUDPUNK, le studio travaille actuellement sur Nivalis, un jeu de simulation de vie dans le même univers, prévu pour offrir une immersion encore plus poussée dans cette ville verticale où tout peut arriver.



Gameplay

Le cœur de l’expérience CLOUDPUNK, c’est la livraison. On incarne Rania, une jeune femme fraîchement débarquée à Nivalis, qui travaille pour une entreprise semi-légale nommée Cloudpunk. Sa mission : livrer des colis et des passagers dans toute la ville, souvent sans poser de questions… mais toujours avec un fond d’humanité qui transparaît à chaque trajet.

Le jeu se divise en deux phases principales :

  • La conduite de votre HOVA, un véhicule volant que vous pilotez à travers la ville, entre les gratte-ciel et les couloirs aériens. Il faut gérer le carburant, éviter les collisions, trouver les zones d’atterrissage, et parfois explorer des zones moins réglementées…
  • L’exploration à pied, dans des quartiers très variés, allant de marchés populaires à des zones ultra-technologiques. Rania peut parler à des PNJ, ramasser des objets, et découvrir des fragments d’histoires ou de souvenirs.

Ce qui distingue CLOUDPUNK, c’est son rythme lent et posé. Il n’y a pas de combat, pas de “game over” classique. Le jeu mise tout sur l’immersion, la narration environnementale, les choix de dialogue et l’ambiance sonore. La ville de Nivalis devient peu à peu un personnage à part entière, avec ses secrets, ses codes et ses contradictions.

Les livraisons sont autant de prétextes pour découvrir des histoires humaines, souvent touchantes, parfois étranges, toujours intrigantes. On croise des intelligences artificielles en quête de sens, des humains augmentés, des animaux synthétiques, des philosophes urbains… Chaque mission enrichit notre perception de la ville et des enjeux sociaux et technologiques qu’elle renferme.

Il n’y a pas de mode multijoueur, et c’est un choix pleinement assumé. CLOUDPUNK est un jeu solo narratif, qui se savoure comme un bon roman de science-fiction, casque sur les oreilles et yeux perdus dans les néons.



Prise en main

Dès les premières minutes, CLOUDPUNK se montre accessible. Le jeu ne t’inonde pas de tutos ou d’interfaces complexes — il te plonge directement dans l’ambiance de Nivalis. Tu montes à bord de ton HOVA, on t’indique ta première livraison, et te voilà lancé.

La conduite du véhicule volant est assez simple à prendre en main. Pas de simulation poussée ici, mais un système fluide et agréable qui demande juste un peu d’attention pour se faufiler dans le trafic aérien. Monter, descendre, virer, accélérer : tout est intuitif. Quelques éléments à surveiller : le carburant (à recharger de temps en temps dans les stations) et l’état du véhicule (des garages sont là pour les réparations).

Une fois au sol, l’exploration à pied se fait en vue à la troisième personne. Les mouvements sont un peu rigides — conséquence directe du style voxellisé — mais cela ne nuit pas à l’expérience. Tu déambules dans des zones semi-ouvertes, tu discutes avec des PNJ, tu ramasses des objets utiles pour certaines missions secondaires.

La carte t’aide à te repérer dans cette ville tentaculaire, et les marqueurs de mission sont toujours bien clairs. Très vite, tu comprends comment fonctionne le rythme du jeu : livraisons, dialogues, exploration, choix narratifs. C’est fluide, sans stress, et très immersif.

Un point fort : la bande-son et les voix. Elles t’enveloppent dès le début. Les dialogues sont entièrement doublés en anglais (sous-titres français disponibles), avec des acteurs qui donnent vraiment de la profondeur aux personnages. L’ambiance sonore — pluie, vrombissement des véhicules, nappes musicales synthwave — contribue énormément à l’immersion.

Pas besoin d’être un pro du pad ou du clavier : CLOUDPUNK se joue tranquillement, au feeling, et t’accueille avec une douceur rare dans un univers pourtant rude.



Scénario

Le scénario et les différentes accroches pour garder le joueur captivé

Tu incarnes Rania, une jeune femme fraîchement arrivée à Nivalis, fuyant son passé et à la recherche d’un nouveau départ. Engagée par Cloudpunk, une entreprise de livraison à la légalité douteuse, elle se retrouve propulsée dans un monde où chaque paquet peut contenir une histoire, un secret… ou un danger.

Ce qui rend le scénario captivant, c’est cette structure en tranches de vie. Chaque mission est l’occasion de découvrir un pan de la ville et un nouveau personnage : un robot philosophe, une IA tourmentée, un chien numérique, un client étrange… Ces petites histoires forment un patchwork d’émotions et de réflexions, tout en dévoilant progressivement les rouages d’une société cyberpunk ultra hiérarchisée.

Les thèmes abordés sont nombreux : transhumanisme, intelligence artificielle, contrôle corporatiste, questionnement existentiel. Et le jeu a cette finesse d’écriture qui pousse à la réflexion sans jamais être lourd ou moralisateur.

Les rebondissements

Malgré son rythme posé, CLOUDPUNK ne manque pas de rebondissements. Certains choix anodins en apparence ont des conséquences plus tard dans l’histoire. Rania va être confrontée à des dilemmes moraux, des révélations sur elle-même, sur ses employeurs, et sur la ville.

Le jeu sait surprendre : là où tu t’attends à une mission “classique”, un dialogue ou une situation peut basculer dans quelque chose de plus profond, voire de plus sombre. On passe subtilement de la routine à la tension, de l’anecdote à la tragédie.

Et si la narration principale est très bien construite, ce sont souvent les petites histoires secondaires qui marquent le plus, avec des personnages qui restent en tête bien après avoir quitté leur zone de livraison.

Les différentes fins du jeu (sans spoil)

Le jeu propose plusieurs fins possibles, déterminées par les choix de dialogue et les décisions que tu prends tout au long de l’aventure. Sans trop en révéler, certains moments-clés t’obligent à trancher entre deux options lourdes de conséquences. Et CLOUDPUNK a le bon goût de ne pas t’imposer un “bon” ou un “mauvais” choix : tout dépend de ta vision du monde de Nivalis.

Le DLC City of Ghosts, qui fait suite directe au jeu de base, pousse encore plus loin cette mécanique de choix et propose une narration plus sombre et ramifiée, avec des personnages alternant entre cynisme, lucidité et espoir.



Conclusion

CLOUDPUNK n’est pas un jeu qu’on choisit pour son challenge ou ses mécaniques complexes. C’est une expérience narrative et atmosphérique, un voyage lent mais profond dans les hauteurs brumeuses de Nivalis. Il réussit à nous captiver sans jamais hausser le ton, simplement en racontant des histoires humaines, touchantes, parfois absurdes, toujours sincères.

Son esthétique voxellisée, son ambiance sonore, son écriture fine et ses personnages attachants en font une œuvre à part dans le paysage vidéoludique. Même sans action explosive ni gameplay nerveux, il laisse une vraie empreinte.

Je le recommande à tous ceux qui aiment les jeux contemplatifs, les univers cyberpunk riches et cohérents, et les récits où chaque dialogue compte. Que ce soit pour s’évader le temps de quelques heures ou pour explorer chaque recoin de Nivalis, CLOUDPUNK offre une parenthèse unique, presque poétique, dans le monde souvent frénétique du jeu vidéo.