Dead Island: Epidemic – Le spin-off oublié

Chaque saga a ses détours, ses tentatives audacieuses, parfois à contre-courant de ce que les joueurs attendent. Dead Island: Epidemic incarne précisément ce genre de virage inattendu. Exit l’action-RPG en monde ouvert et la survie coopérative sur fond de plage paradisiaque infestée de zombies : ce spin-off mise tout sur un gameplay de type MOBA, en arène multijoueur, dans une formule qui tranche radicalement avec le reste de la licence.

En tant que joueur qui n’apprécie pas particulièrement ce style de jeu, j’ai eu du mal à accrocher. J’ai pourtant testé la bêta, puis la version publique, mais rien n’y a fait. Ce n’était pas un mauvais jeu, loin de là – il était même plutôt bien réalisé – simplement, ce n’était pas un jeu pour moi. Et manifestement, je n’étais pas le seul dans ce cas.

Ce qui devait être une extension originale de l’univers Dead Island s’est finalement soldé par un échec commercial et une fermeture rapide des serveurs. Un projet abandonné, mais qui mérite néanmoins d’être évoqué dans ce dossier, ne serait-ce que pour souligner les risques que prennent parfois les studios… et ce qu’il en coûte quand cela ne prend pas.



Développement

À l’origine de Dead Island: Epidemic, on retrouve le studio suédois Stunlock Studios, déjà connu pour des titres orientés action multijoueur, comme Bloodline Champions. C’est en collaboration avec Deep Silver, éditeur de la franchise Dead Island, que naît ce spin-off atypique.

Lancé en bêta fermée en 2014, puis en accès anticipé sur Steam, Dead Island: Epidemic était présenté comme un « ZOMBA », un MOBA avec des zombies, selon les termes des développeurs. L’idée était de capitaliser sur l’univers graphique et thématique de Dead Island, tout en surfant sur la popularité fulgurante du genre MOBA à cette époque.

Côté réalisation, le jeu bénéficiait d’une direction artistique cohérente avec l’univers Dead Island, bien que plus stylisée. On y retrouvait des personnages exagérés, des hordes de zombies et des armes bricolées dans un ton plus arcade. L’équipe de développement semblait réellement croire à ce virage stratégique, misant sur une formule compétitive et dynamique.

Mais ce pari s’est vite heurté à plusieurs obstacles : un public peu réceptif, une identité hybride difficile à vendre, et surtout, une concurrence qui laissait peu de place aux outsiders.



Gameplay proposé

Dead Island: Epidemic se démarquait avant tout par son positionnement original : ni véritable Dead Island traditionnel, ni MOBA pur et dur. Le jeu proposait des affrontements en PvPvE, avec trois équipes de quatre joueurs s’affrontant tout en luttant contre des hordes de zombies. Un mélange qui se voulait dynamique, nerveux, et propice aux retournements de situation.

Chaque joueur incarnait un survivant parmi une galerie de personnages dotés de compétences uniques. Le système de progression en match permettait de renforcer son personnage en ramassant des ressources, en éliminant des ennemis ou en capturant des objectifs. Le style de jeu oscillait entre hack’n’slash, tower defense et jeu de capture de points, avec un rythme soutenu.

L’un des points positifs du jeu restait son système de craft, inspiré des opus principaux de la série. On pouvait ainsi personnaliser ses armes entre les matchs, pour adapter son style de jeu à ses préférences : batte électrifiée, hachoir enflammé, ou outils plus exotiques. Les amateurs de loot y trouvaient une forme de satisfaction, bien que le système soit moins profond que dans les jeux principaux.

Mais malgré une prise en main plutôt fluide et un univers respecté, le jeu avait du mal à séduire durablement. Il manquait d’identité forte, et peinait à fidéliser, aussi bien du côté des fans de MOBA que de ceux de Dead Island. Une fois la nouveauté passée, difficile de trouver une vraie raison de rester.



Concurrence

L’un des plus gros défis de Dead Island: Epidemic n’était pas son concept en lui-même, mais l’environnement ultra-compétitif dans lequel il tentait de s’imposer. Lorsqu’il arrive en 2014-2015, le marché des MOBA est déjà solidement établi, dominé par des géants comme League of Legends, DOTA 2, ou encore Smite. Ces titres monopolisent l’attention des joueurs, les scènes e-sportives, et surtout les communautés actives indispensables à la survie d’un jeu multijoueur.

Face à eux, Epidemic avait peu de chances. Trop différent pour séduire les puristes du genre, mais trop éloigné des fondamentaux de Dead Island pour conserver les fans de la première heure. Il se retrouvait dans une zone floue, un entre-deux qui ne parlait vraiment à personne.

Même des concurrents plus proches dans l’esprit, comme Heroes of the Storm de Blizzard, peinaient à trouver leur place malgré un budget colossal et une fanbase solide. Alors pour un spin-off MOBA d’une licence zombie, le combat semblait inégal dès le départ.

Malgré une réalisation honnête et des idées intéressantes, la concurrence l’a rapidement éclipsé. Et sans base de joueurs solide, un jeu de ce type est condamné à s’éteindre.



Fermeture des serveurs et abandon du projet

Après plusieurs mois d’accès anticipé sur Steam et quelques tentatives d’ajustements pour fidéliser une base de joueurs, Dead Island: Epidemic n’a jamais réussi à décoller. En octobre 2015, à peine un an après son lancement en bêta ouverte, Deep Silver annonçait la fin du développement et la fermeture définitive des serveurs.

Les raisons officielles évoquaient des résultats inférieurs aux attentes, mais le constat était évident : le public n’avait pas répondu présent. Le jeu n’aura jamais eu le temps de sortir officiellement de sa phase de bêta. Les développeurs ont publié un message remerciant la communauté et promettant de tirer les leçons de cette expérience pour les projets futurs.

Pour les joueurs, même ceux qui n’étaient pas convaincus par le gameplay, la fermeture d’un jeu reste toujours un moment un peu amer. C’est une page qui se tourne, un potentiel qui ne sera jamais pleinement exploré. Dans le cas de Epidemic, cela marque surtout la fin d’une parenthèse étrange dans l’histoire de la licence Dead Island.



Conclusion

Dead Island: Epidemic restera une curiosité dans l’histoire de la franchise. Une tentative osée de s’aventurer sur un terrain différent, à contre-pied total des origines de la série. Ce n’était pas un mauvais jeu, simplement un projet qui n’a pas trouvé son public — ni parmi les fans de Dead Island, ni parmi les amateurs de MOBA.

En ce qui me concerne, malgré une approche ouverte et plusieurs essais, je n’ai jamais réussi à m’y sentir à ma place. Ce genre de jeu ne me parle pas, et Epidemic ne proposait pas assez d’arguments pour me faire changer d’avis. Cela ne m’empêche pas de reconnaître l’effort de Stunlock Studios et la prise de risque de Deep Silver. Malheureusement, dans l’industrie du jeu vidéo, l’audace ne suffit pas toujours.

La fermeture rapide des serveurs a enterré ce projet avant même qu’il ait pu réellement exister. Il reste aujourd’hui comme un épisode mineur, parfois oublié, mais qui mérite tout de même d’être évoqué dans un dossier complet sur la saga Dead Island.


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