
Il y a des jeux qu’on choisit pour se défouler, d’autres pour vivre une aventure intense à plusieurs… et puis il y a ceux qui nous attirent par leur atmosphère, leur mystère, et leur promesse d’un récit maîtrisé. Fort Solis appartient clairement à cette dernière catégorie. Dès les premières images, le jeu intrigue : une base isolée sur Mars, une alerte inattendue, et un personnage qui s’y rend seul, sans savoir ce qu’il va découvrir.
Amateur d’expériences narratives immersives et de science-fiction à huis clos, je n’ai pas mis longtemps à me laisser tenter. Le jeu ne promet pas de l’action frénétique ou du loot à gogo, mais plutôt une tension constante, une ambiance oppressante, et un récit digne des meilleures séries SF.
Enfilez votre combinaison, on part pour Fort Solis.

Développement du jeu
Fort Solis est le fruit d’une collaboration entre deux studios : Fallen Leaf et Black Drakkar Games, avec l’édition assurée par Dear Villagers. Le jeu a été développé avec Unreal Engine 5, ce qui se ressent immédiatement dans le rendu visuel particulièrement soigné, que ce soit dans les environnements martiens, les effets de lumière, ou les animations faciales.
Sorti en août 2023, Fort Solis se distingue par son format : une aventure narrative en solo, sans HUD ni écran de chargement, pensée comme une série interactive. L’objectif était clair : proposer une expérience cinématographique, immersive, où l’on joue autant avec les émotions qu’avec les mécaniques de gameplay.
Un autre point marquant : le casting vocal. Le jeu mise sur des doublages de qualité, portés par des acteurs reconnus dans le monde vidéoludique, notamment Roger Clark (Arthur Morgan dans Red Dead Redemption 2) et Troy Baker (The Last of Us, Bioshock Infinite, etc.). Cette dimension “série interactive” est renforcée par une mise en scène soignée, proche de la télévision haut de gamme.

Scénario
Le scénario et les différentes accroches pour garder le joueur captivé
L’histoire de Fort Solis commence de manière sobre mais efficace : une alerte de sécurité est déclenchée sur une base isolée de Mars, nommée Fort Solis. Jack Leary, ingénieur de maintenance, décide de s’y rendre seul pour évaluer la situation. À son arrivée, il découvre une base silencieuse, apparemment vide… mais rapidement, des éléments inquiétants commencent à émerger.
Le jeu mise tout sur l’ambiance et le mystère. Les couloirs froids, les enregistrements laissés par les membres de l’équipe, les détails visuels disséminés dans l’environnement : tout pousse le joueur à s’interroger sur ce qui a bien pu se passer ici. L’absence de combat renforce ce sentiment d’être vulnérable, presque intrus, dans un lieu où quelque chose a clairement dérapé.
Les rebondissements
Fort Solis adopte une structure proche de celle d’un thriller psychologique. Les révélations arrivent par touches subtiles, à travers des documents, des vidéos, ou des détails environnementaux. L’intrigue prend progressivement une tournure plus sombre, parfois même dérangeante. Le rythme est lent mais maîtrisé, et chaque nouveau détail relance l’intérêt du joueur.
L’histoire se vit comme une descente vers une vérité inconfortable, et c’est cette lente montée en tension qui fait toute la force du scénario.
Les différentes fins du jeu (sans trop faire de spoil)
Sans dévoiler les détails, Fort Solis propose plusieurs fins, en fonction de certains choix ou actions réalisés au cours de l’aventure. Si les embranchements ne sont pas massifs, ils permettent tout de même de nuancer la conclusion, offrant une rejouabilité modeste mais bienvenue.

Gameplay et prise en main
Fort Solis n’est pas un jeu d’action, et il l’assume pleinement. Ici, pas de combats, pas de survie, pas de gestion d’inventaire. Le gameplay repose essentiellement sur l’exploration, l’observation et l’interaction avec l’environnement. On déambule dans les couloirs de la base, on consulte des terminaux, on ouvre des portes, on déclenche des séquences vidéo, et on reconstitue peu à peu le fil des événements.
Quelques QTE ponctuent l’aventure, notamment lors de séquences plus intenses. Bien qu’ils soient assez simples, ils permettent d’impliquer le joueur dans les moments clés du récit, sans jamais casser le rythme. La prise en main est immédiate : une manette suffit largement à profiter de l’expérience de bout en bout.
L’interface est volontairement épurée : pas de HUD envahissant, pas de mini-carte, juste l’essentiel. Cela renforce l’immersion, au détriment peut-être de la lisibilité pour certains joueurs qui préfèrent être plus guidés.
Graphiquement, Fort Solis impressionne par son souci du détail. L’environnement est crédible, cohérent, et servi par une direction artistique sobre mais efficace. L’ambiance sonore joue également un rôle fondamental, entre les silences pesants, les bruits métalliques de la station, et la musique discrète mais présente dans les moments clés.
L’ensemble se parcourt en 4 à 6 heures, selon votre rythme, ce qui en fait une expérience courte mais intense, taillée pour être vécue d’une traite.

Performances et technique
Du côté technique, Fort Solis affiche clairement ses ambitions visuelles. Grâce à l’Unreal Engine 5, le jeu bénéficie d’un rendu impressionnant, notamment en matière d’éclairage dynamique, de textures haute définition et d’animations faciales. Les décors, bien que limités à la base martienne, sont d’un réalisme bluffant et contribuent pleinement à l’immersion.
Sur PC comme sur PlayStation 5, l’optimisation est globalement bonne. Le jeu tourne de manière fluide, sans ralentissements notables, même dans les zones plus détaillées. Quelques petits bugs d’animation ou de collisions ont pu être relevés à la sortie, mais la plupart ont été corrigés via des mises à jour. Il est toutefois conseillé de jouer avec un SSD et une configuration récente pour profiter pleinement de l’expérience, notamment sur PC.
Le sound design est également un point fort : qu’il s’agisse des bruitages de la station, des transmissions radio ou du mixage des voix, l’ensemble est soigné, professionnel et cohérent. Rien ne vient parasiter l’ambiance ou casser l’immersion, ce qui est essentiel pour ce type de jeu narratif.
Enfin, la traduction française est disponible (textes uniquement), et elle est de bonne qualité. Les doublages, quant à eux, restent en anglais, portés par des voix connues et convaincantes.

Conclusion
Fort Solis n’est pas un jeu pour tout le monde, et il ne cherche pas à l’être. Il s’adresse avant tout aux amateurs de récits immersifs, de science-fiction intimiste et de thrillers psychologiques à la narration soignée. Son rythme lent, son gameplay minimaliste et son ambiance pesante en rebuteront certains, mais pour ceux qui aiment s’immerger dans une histoire bien ficelée, le voyage en vaut clairement la chandelle.
C’est une expérience courte, certes, mais marquante. La réalisation technique, le jeu d’acteurs et la mise en scène en font une œuvre presque cinématographique, qu’on vit plus qu’on ne “joue” au sens classique du terme. Fort Solis parvient à créer cette sensation rare d’être seul, vulnérable, et profondément humain dans un décor de science-fiction pourtant froid et inhospitalier.
Une belle surprise pour qui saura l’aborder avec les bonnes attentes, et un signe encourageant pour l’avenir des jeux narratifs indépendants.
