Le survival à défilement horizontal a quelque chose de particulier : il contraint l’espace et la tension à un format presque théâtral. Là où les jeux en monde ouvert invitent à l’exploration libre et à la dispersion, un scroller horizontal condense l’urgence tout se joue sur l’axe gauche-droite, à portée d’écran, et chaque décision prend une saveur plus immédiate. Into the Dead: Our Darkest Days exploite parfaitement cette promesse : l’écran ne contient pas seulement le décor, il contient l’oppression. On avance, on scrute, on anticipe et on a l’impression que la menace est toujours sur le point de nous happer.
Ce format, devenu rare sur PC comparé à l’explosion des open worlds et des jeux-service, force aussi une écriture de design très précise. Les couloirs urbains, les silhouettes au loin, les points d’intérêt qui apparaissent et disparaissent : tout est calibré pour créer des micro-dramas permanents. Ici, le level design n’est pas un décor passif, c’est le narrateur qui dicte le rythme. Peu d’éléments, bien choisis, suffisent à construire une atmosphère lourde une rue en ruine, une voiture retournée, un lampadaire qui clignote et soudain chaque pas pèse.
Ce qui m’a frappé d’entrée, c’est l’équilibre entre l’immersion visuelle et la lisibilité ludique. Le jeu n’essaie pas d’en faire trop : le style reste sobre, parfois minimaliste, mais chaque plan est pensé pour provoquer une réaction. Les éclairages, les ombres, le son ambiant claquement métallique, râles lointains, silence pesant travaillent ensemble pour maintenir le joueur sur le fil. L’horreur n’est pas grotesque ou spectaculaire, elle est pratique : une menace fonctionnelle qui transforme chaque zone en calcul de risques.
On retrouve aussi dans Our Darkest Days une filiation évidente avec certains titres narratifs et de survie plus contemplatifs je pense à This War of Mine pour la manière dont le jeu humanise la survie et pose des choix moraux mais le parti pris ici est différent : plus nerveux, plus orienté vers le loot et la réaction. Le résultat est un cocktail où l’émotion vient autant des histoires personnelles et des pertes que de l’adrénaline des sorties et des fouilles. Ce mélange donne au jeu une double lecture : il peut se lire comme un récit sur la survie humaine, et en même temps comme un défi de gestion de ressources et de danger immédiat.
Enfin, avant de plonger dans les mécaniques et l’histoire, il faut rappeler le contexte : Into the Dead: Our Darkest Days est encore en Early Access. Cela explique une durée de vie et une richesse actuelles limitées, mais aussi une marge de progression et d’ambition palpable. Ce préambule n’est pas un état des lieux figé c’est le cadre d’une expérience en construction, où l’âme du jeu est déjà là : sombre, tendue, et résolument centrée sur le joueur face à l’urgence.
Derrière Into the Dead: Our Darkest Days se trouve un studio néo-zélandais que certains connaissent déjà pour leurs productions mobiles : PikPok. Fondé à Wellington au début des années 2000, le studio s’est d’abord fait un nom avec des jeux accessibles, au format court et percutant souvent pensés pour les smartphones. Mais au fil du temps, PikPok a développé une véritable signature : des expériences visuelles fortes, à la fois simples dans leur prise en main et marquantes dans leur ambiance.
C’est en 2012 que le nom Into the Dead apparaît pour la première fois, avec un concept assez direct : courir sans s’arrêter, esquiver les zombies et survivre le plus longtemps possible. Un endless runner efficace, au gameplay minimaliste, mais à l’atmosphère étonnamment pesante. Le succès est immédiat : plus de 100 millions de téléchargements en quelques années, une suite plus ambitieuse (Into the Dead 2, sortie en 2017) et une fanbase solide, fidèle à l’univers post-apocalyptique de la franchise.
Pourtant, Our Darkest Days marque une rupture nette avec cette approche mobile. PikPok a décidé de transposer son univers vers le PC, en adoptant une formule bien plus narrative et exigeante. Le moteur Unity est conservé, mais son usage devient ici bien plus poussé : gestion de la physique, de la lumière, des ombres, des animations faciales, tout y passe. Le résultat donne un jeu au rendu semi-réaliste, oscillant entre le 2.5D et le plan cinématique.
Le développement du projet aurait débuté en 2019, et s’est étalé sur plusieurs années, jusqu’à la sortie en Early Access en octobre 2024. Le studio explique avoir voulu prendre le temps de redéfinir son ADN : passer de la frénésie arcade à une approche émotionnelle et immersive de la survie. Ce changement de direction n’est pas anodin il montre une volonté de faire grandir la licence, de l’arracher à son image mobile pour en faire une véritable expérience narrative sur PC.
Côté chiffres, le jeu affiche déjà un accueil très positif sur Steam, malgré son statut d’accès anticipé. La direction artistique, la gestion du rythme et le ton “humain” de l’aventure sont régulièrement cités comme points forts. En revanche, la durée de vie limitée et le contenu encore restreint sont les points faibles les plus souvent évoqués. PikPok a d’ailleurs confirmé que plusieurs mises à jour viendront étoffer le jeu tout au long de 2025, avec de nouveaux quartiers, davantage de personnages et des embranchements narratifs supplémentaires.
Ce qui est intéressant, c’est de voir un studio historiquement orienté mobile s’essayer à la profondeur et au drame interactif, sans perdre ce qui faisait sa force : le sens du rythme. On sent que PikPok a voulu faire un jeu de survie plus viscéral, où chaque décision est une micro-seconde de tension. Là où This War of Mine faisait réfléchir avant d’agir, Into the Dead: Our Darkest Days pousse à agir avant qu’il ne soit trop tard.
Le pari est audacieux, mais il semble réussir : PikPok signe ici sa production la plus mature à ce jour. Ce n’est plus un jeu de réflexes, mais une expérience de survie consciente, portée par un studio qui s’émancipe de son passé mobile pour entrer dans la cour des grands.

Ce qui frappe dès les premières minutes de Into the Dead: Our Darkest Days, c’est cette sensation d’urgence constante. Le jeu ne cherche jamais à te laisser respirer complètement. On avance en scrolling horizontal, lentement, prudemment, chaque pas comptant comme une décision stratégique. Et derrière cette apparente simplicité, se cache une boucle de gameplay fine, inspirée de This War of Mine mais avec une différence notable : ici, la tension du loot et la pression du mouvement dominent tout.
Chaque sortie hors de ton abri devient une expédition risquée. Les rues sont pleines de cadavres qui ne demandent qu’à se relever, les bâtiments regorgent d’objets utiles mais aussi de pièges, et la visibilité reste limitée à quelques mètres. On fouille, on écoute, on choisit son moment. La moindre erreur une porte ouverte trop vite, une lampe allumée au mauvais moment peut attirer une horde. Et contrairement à d’autres survivals, le jeu ne te laisse pas corriger ton erreur facilement : la fuite est souvent ton seul salut.
L’exploration repose sur un rythme semi-temps réel : les personnages se déplacent lentement, fouillent méthodiquement, et le joueur doit constamment évaluer s’il vaut mieux prendre le temps de vider une pièce ou passer son chemin pour éviter le danger. C’est ce qui fait toute la différence avec This War of Mine. Là où le jeu de 11 bit studios misait sur la gestion lente et dramatique, Our Darkest Days ajoute une nervosité sous-jacente. On ne subit pas la survie, on la ressent dans chaque geste.
Le système de loot est d’ailleurs central : tout est rare, mais rien n’est inutile. On récupère de quoi se soigner, manger, réparer ou bricoler des armes de fortune. Les ressources ne s’empilent pas, elles s’usent, se brisent, se partagent entre les survivants. Ce réalisme léger rend chaque trouvaille significative. Ramasser un simple couteau ou un rouleau de bandages peut sauver une mission entière.
Les combats, eux, ne sont pas glorieux. Ils sont sales, brutaux, souvent désespérés. Le jeu ne cherche pas à te rendre fort il cherche à te faire sentir vulnérable. Une batte de baseball, un marteau, une arme à feu trouvée par hasard : tout peut faire la différence, mais le moindre affrontement attire le bruit et donc, les zombies. Résultat : tu apprends vite à éviter le conflit, à te faufiler, à détourner, à improviser.
La gestion de groupe ajoute une autre couche de tension. Chaque survivant possède ses propres forces, faiblesses et états mentaux. Certains paniquent, d’autres prennent des risques inconsidérés. Tu peux les équiper, leur donner des ordres, mais jamais les contrôler totalement. Le moral est un facteur aussi important que la santé physique, car une équipe désunie ne survit pas longtemps.
Enfin, le système de craft est volontairement minimaliste. On ne fabrique pas mille objets : on répare, on consolide, on transforme ce qu’on trouve. Le but n’est pas de construire un arsenal, mais de faire durer. Ce minimalisme rend le gameplay fluide, sans surcharge de menus ni grind inutile.
Ce que j’apprécie particulièrement, c’est cette tension rythmique constante. Le jeu n’a pas besoin de jump-scares : c’est toi qui les inventes, par la peur de mal faire. Chaque porte poussée, chaque détour dans un immeuble effondré devient une décision à haut risque. On retrouve cette adrénaline brute, ce mélange de calcul et d’instinct qui définit les meilleurs jeux de survie.
En somme, Into the Dead: Our Darkest Days réussit un équilibre rare : un gameplay à la fois stratégique et viscéral, où la survie n’est pas un système à comprendre, mais une émotion à ressentir.

Entre deux expéditions, Into the Dead: Our Darkest Days te ramène à ton abri une bulle temporaire de répit au milieu du chaos. C’est là que tout se joue en coulisse : le soin, le repos, la préparation, et surtout, la décision du prochain mouvement. Car dans ce jeu, un abri n’est jamais une base définitive. C’est un lieu de passage, un point sur la carte qu’on peut quitter à tout moment. Et c’est précisément cette mobilité qui rend la gestion aussi intéressante que risquée.
Certains bâtiment sécurisé maison, école, garage, petit immeuble peut être transformé en refuge. On y dépose les ressources glanées, on y soigne les blessés, on y cuisine un peu de nourriture de fortune. Mais la sécurité y reste illusoire. Les barricades tiennent mal, les provisions s’épuisent vite, et les zombies finissent toujours par être attirer. Très vite, la question n’est plus “comment survivre ici”, mais “combien de temps avant de devoir partir”.
La gestion est volontairement légère. Pas de micromanagement fastidieux ni d’interface complexe : chaque survivant peut être assigné à une tâche dormir, cuisiner, fabriquer et les actions s’enchaînent naturellement. C’est fluide, instinctif, et ça colle parfaitement à la philosophie du jeu : faire simple, mais tendu. PikPok a choisi de ne pas transformer cette partie en simulateur de survie, mais plutôt en respiration contrôlée avant la prochaine sortie. Et ça fonctionne.
Ce système de gestion, bien que minimaliste, renforce la narration. Tu apprends à connaître tes survivants dans ces moments calmes. Les dialogues se déclenchent, des fragments d’histoires personnelles se révèlent, et chaque membre du groupe commence à exister autrement que comme un simple pion. On sent la fatigue, la peur, les doutes. Certains refusent de sortir, d’autres veulent partir trop vite. Le jeu parvient à créer une petite dynamique de communauté fragile, sans jamais tomber dans la lourdeur.
Ce choix d’alléger la gestion est souvent perçu comme un manque par certains joueurs, mais pour moi, c’est un parti pris intelligent. Our Darkest Days n’est pas un jeu de base-building : c’est un jeu d’itinérance, une fuite lente à travers une ville en ruine. Pouvoir changer d’abri à volonté, c’est ce qui donne au jeu son rythme organique. On apprend à lire les lieux : un quartier trop vaste, une école infestée, une usine pleine de ressources mais difficile à défendre… Chaque choix de campement devient un équilibre entre confort et vulnérabilité.
Au final, la gestion des abris dans Into the Dead: Our Darkest Days se distingue par son humanité silencieuse. Ce ne sont pas des bases de guerre, mais des abris de fortune, des refuges transitoires où l’on tente juste de reprendre son souffle avant la prochaine épreuve. Et c’est peut-être dans ces moments de calme que le jeu dit le plus de choses sur la survie : ce n’est pas une histoire de puissance, mais de résilience.

L’histoire de Into the Dead: Our Darkest Days ne cherche pas à révolutionner le genre et c’est précisément ce qui la rend efficace. Le point de départ est simple, brut, presque classique : une ville américaine placée en zone de quarantaine après une épidémie foudroyante. Les autorités ont perdu le contrôle, les civils sont livrés à eux-mêmes, et ce qui reste de la société tente de s’organiser au milieu du chaos. Le joueur prend la tête d’un petit groupe de survivants, des gens ordinaires pas des soldats, pas des héros qui n’ont qu’un seul objectif : s’enfuir.
Cette fuite devient le moteur du récit. Pour espérer sortir de la ville, il faut progressivement traverser plusieurs quartiers, chacun avec ses spécificités, ses dangers et ses opportunités. Chaque zone correspond à une étape de la survie : les premières rues encore fumantes, les faubourgs infestés, les zones industrielles désertées, les quartiers barricadés où d’autres groupes humains tentent de subsister. Chacune de ces sections raconte une petite histoire à sa manière, sans cinématiques interminables ni dialogues appuyés. C’est un récit en creux, raconté par le décor, les notes laissées sur les murs, les discussions feutrées entre survivants, ou les ruines d’une vie d’avant.
Pour progresser, il ne suffit pas simplement de traverser la carte : il faut trouver des indices, collecter des informations sur les routes possibles, les zones encore accessibles, les points de sortie potentiels. Cette mécanique donne un vrai sens à l’exploration. Le joueur n’avance pas au hasard ; il cherche, compile, déduit. Et c’est là que Our Darkest Days se distingue : le jeu ne dicte pas une trajectoire linéaire. Il existe plusieurs sorties possibles, et c’est au joueur de choisir celle qu’il tentera d’atteindre la plus courte mais risquée, ou la plus longue mais mieux approvisionnée.
L’approche narrative de PikPok est volontairement discrète mais émotionnelle. Le jeu ne bombarde pas de dialogues ni de grands discours, mais il réussit à créer une forme d’attachement. Chaque survivant a son passé, ses blessures, ses raisons d’être là. Certains sont brisés, d’autres déterminés. Leurs interactions se construisent au fil du temps, souvent par de simples échanges entre deux expéditions, ou lors de moments de repos dans l’abri. Ces petits fragments suffisent à donner du poids à chaque perte car ici, la mort d’un membre du groupe n’est pas un simple échec mécanique, c’est un morceau de l’histoire qui disparaît.
Il faut cependant noter que, pour l’instant, le contenu narratif reste limité. L’Early Access offre une dizaine d’heures de jeu pour faire le tour des zones et explorer les différentes issues. C’est court, mais le rythme est bien dosé, et surtout, le potentiel est énorme. PikPok a déjà confirmé vouloir étendre le scénario avec de nouvelles régions, des embranchements plus marqués, et des événements contextuels qui viendront enrichir la rejouabilité.
Malgré sa durée de vie actuelle, le jeu réussit à planter une ambiance narrative forte. On ressent la progression, la fatigue du groupe, la montée du danger. La tension est constante, et la finalité « atteindre la sortie » devient presque secondaire tant on s’attache à la survie au quotidien. Ce n’est pas un récit héroïque, mais une chronique de la résistance ordinaire, où chaque jour gagné sur la mort vaut une victoire.
En somme, Into the Dead: Our Darkest Days livre une histoire à la fois simple et poignante : celle d’êtres humains piégés dans un monde qui s’effondre, cherchant juste à atteindre la lumière, une rue à la fois. Et si la route est courte pour l’instant, elle laisse entrevoir une aventure plus vaste à venir à condition que PikPok continue sur cette lancée.

Into the Dead: Our Darkest Days est un titre qui surprend, non pas par la démesure de ses ambitions, mais par la cohérence de sa proposition. PikPok réussit à transformer un univers autrefois pensé pour le mobile en une expérience de survie mature, resserrée et viscérale. Le jeu ne cherche jamais à impressionner par la grandeur, mais par la tension. Tout ici repose sur le rythme : ce va-et-vient entre exploration nerveuse, gestion apaisée et fuite désespérée.
L’approche “2.5D” confère au jeu une identité visuelle immédiatement reconnaissable, où chaque ombre et chaque éclairage racontent quelque chose. On n’avance pas dans des niveaux : on traverse des fragments de drame humain, des décors qui respirent encore un peu de vie malgré la mort omniprésente. Et cette esthétique semi-réaliste fonctionne à merveille pour ancrer l’expérience entre réalisme et abstraction, sans jamais tomber dans l’excès graphique.
La boucle de gameplay, simple mais tendue, captive sans jamais lasser. On retrouve cette nervosité dans le loot, cette économie de moyens dans la gestion, cette peur maîtrisée dans les combats. C’est un jeu d’instinct, où chaque décision peut sauver ou condamner ton groupe. Et même si la durée de vie actuelle reste courte une dizaine d’heures environ, on sent que PikPok a posé les fondations solides d’un futur très prometteur.
Ce qui distingue surtout Our Darkest Days, c’est sa sincérité. Pas d’esbroufe, pas de fan-service : juste une vision claire de ce que doit être la survie dans un monde en ruine. Ce minimalisme, parfois critiqué, est en réalité la clé de sa réussite. Il laisse la place à l’imagination, au silence, à la tension psychologique. À une époque où beaucoup de jeux veulent tout montrer, celui-ci préfère suggérer et c’est souvent bien plus fort.
Si PikPok parvient à enrichir le contenu, à étoffer le scénario et à maintenir cette justesse d’ambiance, Into the Dead: Our Darkest Days pourrait bien devenir une référence du survival horizontal moderne. Pour l’instant, c’est une Early Access maîtrisée, mais surtout une promesse crédible : celle d’un jeu qui sait où il va, et qui emmène son joueur là où la peur devient une compagne familière.
Un titre à suivre de très près, surtout si, comme moi, vous aimez ces expériences qui mélangent tension, gestion et humanité là où chaque bruit compte, et où la survie n’est jamais acquise.
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