
Un ovni vidéoludique en 1999
À une époque où le FPS se résumait souvent à des couloirs à nettoyer au shotgun, Kingpin: Life of Crime a débarqué comme une claque. Entre son langage cru, son atmosphère poisseuse, ses mécaniques de jeu originales et son univers inspiré de films comme Pulp Fiction ou L.A. Confidential, le titre de Xatrix Entertainment a fait sensation… et scandale. Ultra-violent, politiquement incorrect, ouvertement sale et provocateur, Kingpin ne laissait personne indifférent. Dans un paysage vidéoludique encore frileux sur certains sujets, il osait tout – pour le meilleur et pour le pire.
Le développement : un jeu qui sentait le souffre
Développé par Xatrix Entertainment (à qui l’on doit aussi Redneck Rampage), Kingpin repose sur une version modifiée du moteur de Quake II. Dès le départ, les développeurs ont voulu s’éloigner des standards du FPS classique pour proposer une expérience urbaine plus réaliste et adulte. Le jeu a été produit avec une volonté assumée de choquer, mais aussi de proposer un gameplay plus complexe et immersif que la moyenne.
Malgré une ambition claire, le développement n’a pas été simple. Le climat post-Columbine n’a pas aidé, et Kingpin a rapidement été pointé du doigt pour sa violence graphique et verbale. Cela lui a valu de nombreuses censures, une interdiction de vente dans certains pays, et un marketing difficile – mais aussi une aura culte instantanée.

Gameplay : bien plus qu’un simple FPS
Sous ses allures de shooter brutal, Kingpin cache un gameplay étonnamment riche. Le joueur incarne un gangster en quête de vengeance dans un monde ouvert (à l’échelle de l’époque), où l’on peut recruter des alliés, parler avec les PNJ via un système de dialogues contextuels (gentil ou agressif), et même améliorer son arsenal auprès de marchands.
L’argent joue un rôle central : on le gagne en volant, en vendant ou en tuant, et il permet d’acheter des armes, des munitions ou des soins. Les armes elles-mêmes peuvent être améliorées. Le tout dans un environnement urbain crasseux, labyrinthique, où chaque ruelle peut abriter un piège ou un deal foireux.
Prise en main : brutalité immédiate
Kingpin ne prend pas le joueur par la main. La difficulté est relevée, l’IA est agressive, et les ennemis n’hésitent pas à vous encercler ou à vous tendre des embuscades. Le feeling des armes est lourd, réaliste, parfois un peu lent, mais toujours intense.
Il faut s’habituer à la navigation dans des niveaux parfois complexes, où l’exploration est récompensée, mais aussi risquée. Le système de dialogue, bien que limité, renforce l’immersion et la tension : une mauvaise phrase peut suffire à déclencher un affrontement.
Le Multijoueur :
- Mode en ligne via TCP/IP (principalement en LAN ou par IP directe).
- Plusieurs modes de jeu classiques pour l’époque :
- Deathmatch
- Team Deathmatch
- Bagman : un mode original où chaque équipe devait voler l’argent de l’équipe adverse et le ramener dans sa base. Ce mode est souvent cité comme l’un des éléments multijoueur les plus marquants du jeu.
Particularités :
- Jusqu’à 16 joueurs par partie.
- Le style visuel et sonore unique du jeu rendait l’expérience multijoueur assez distincte des autres FPS de la même période (comme Quake II ou Unreal Tournament).
Et pour le remake ?
Le remake Kingpin: Reloaded devrait inclure un mode multijoueur, mais au moment des dernières annonces, les développeurs n’avaient pas confirmé l’intégralité des fonctionnalités prévues à ce sujet. Le focus semblait surtout mis sur l’amélioration graphique et l’accessibilité du solo.

Scénario : vengeance urbaine
L’histoire tient en une phrase : vous avez été laissé pour mort, tabassé, humilié. Maintenant, vous allez remonter la hiérarchie du crime pour faire payer ceux qui vous ont trahi. Classique ? Oui, mais efficace. L’ambiance urbaine, les dialogues à la Tarantino, les PNJ hauts en couleur et les environnements sales et crédibles rendent cette montée en puissance jouissive.
On avance de quartier en quartier, gagnant en puissance, en argent, en réputation, jusqu’à affronter les grands pontes du milieu. Le scénario n’est pas révolutionnaire, mais il est parfaitement mis en scène et colle à l’univers du jeu.
Une bande-son signée Cypress Hill : l’âme sonore de Kingpin
Dès les premières minutes de jeu, Kingpin impose son ambiance… et sa bande-son n’y est pas étrangère. Le jeu bénéficie d’une collaboration exclusive avec le mythique groupe de hip-hop américain Cypress Hill, qui signe une partie de la musique et prête sa voix à l’ambiance sonore crasseuse du titre.
Les morceaux choisis, majoritairement extraits de l’album IV (1998), apportent un groove lourd et poisseux, parfaitement en accord avec les ruelles sales, les bars malfamés et les règlements de comptes brutaux du jeu. Le contraste entre les beats hip-hop et la violence urbaine à l’écran renforce l’immersion et donne à Kingpin une personnalité sonore unique, inimitable encore aujourd’hui.
Ce choix musical audacieux, à une époque où le rap était encore rarement associé aux jeux vidéo, témoigne une fois de plus de la volonté des développeurs de casser les codes établis. Une OST culte, pour un jeu qui ne l’est pas moins.

Le remake : une seconde chance pour un jeu culte ?
En 2020, l’annonce d’un remake intitulé Kingpin: Reloaded a surpris tout le monde. Prévu initialement pour une sortie rapide, le projet a connu plusieurs retards et une communication très discrète, laissant planer le doute sur son état d’avancement. Développé par Slipgate Ironworks et publié par 3D Realms, ce remake promet une version remasterisée fidèle à l’original, avec un moteur modernisé, un support haute résolution, une interface retravaillée et un gameplay légèrement ajusté pour les standards actuels.
L’objectif affiché est de respecter l’esprit original de Kingpin tout en le rendant accessible aux joueurs d’aujourd’hui. Modes classiques et « enhanced », graphismes améliorés mais fidèles, compatibilité avec les manettes… les ambitions sont là, mais le développement semble lent.
Pour les fans de la première heure, c’est l’espoir de redonner vie à une pépite injustement oubliée. Pour les nouveaux venus, c’est peut-être l’occasion rêvée de découvrir un FPS qui n’a jamais eu peur de salir les mains – au propre comme au figuré.
Réception des joueurs : entre nostalgie et désillusion
Malgré une attente sincère de la communauté, la sortie en accès anticipé de Kingpin: Reloaded a suscité des réactions partagées. Si certains fans ont salué l’initiative de remettre ce titre culte en lumière, beaucoup ont été déçus par le manque de finitions du remake. Problèmes techniques, bugs persistants, interface vieillotte malgré les promesses, et un lifting graphique jugé trop timide : les critiques n’ont pas tardé à émerger sur les forums et plateformes de vente.
Les joueurs les plus attachés à l’original ont regretté l’absence d’évolutions marquantes, tandis que les nouveaux venus ont souvent eu du mal à accrocher à une expérience jugée trop rugueuse pour les standards modernes. L’ambiance du jeu reste intacte, certes, mais cela ne suffit pas à faire oublier un portage qui manque cruellement de polish et d’ambition.
La version finale pourrait bien redresser la barre, mais en l’état, Kingpin: Reloaded ressemble davantage à une opportunité manquée qu’à une véritable renaissance.

Conclusion : un classique culte et oublié
Kingpin: Life of Crime est un jeu à part. Trop en avance sur son temps dans certains domaines, trop cru pour une époque encore peu habituée à ce type de contenu, il est devenu culte sans jamais connaître le succès commercial qu’il méritait. Aujourd’hui, il reste une curiosité précieuse, une relique brutale d’une époque révolue, mais qui mérite largement qu’on y rejette un œil. D’autant plus avec Kingpin: Reloaded, qui tente – tant bien que mal – de ranimer la flamme. Pour les nostalgiques comme pour les curieux, le crime n’a jamais été aussi fascinant.
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