
Il y a des jeux qui ne cherchent pas à plaire à tout le monde. RUINER, développé par Reikon Games et publié par Devolver Digital, fait partie de ceux-là. Violent, nerveux, esthétiquement tranchant, il ne s’embarrasse pas de fioritures pour plonger le joueur dans un monde brutal et sans concession.
Dès les premières minutes, on comprend que l’on n’est pas là pour flâner. Le silence du héros masqué, le fracas métallique de ses pas, et les éclairs de néon rouge sang qui percent l’obscurité : tout est fait pour imposer un rythme, une ambiance, une urgence. RUINER, c’est une descente aux enfers dans une dystopie cyberpunk où les corporations règnent, les corps sont augmentés, et l’humanité vacille sous le poids de ses propres dérives technologiques.
Si l’on vient pour l’esthétique, on reste pour la sensation de puissance contrôlée, pour la rage canalisée à travers un gameplay millimétré. Ce jeu, c’est une gifle — mais de celles qu’on redemande.

Développement du jeu
RUINER est le premier jeu du studio indépendant Reikon Games, fondé en 2014 par d’anciens développeurs ayant œuvré sur des titres tels que The Witcher, Dying Light ou encore Dead Island. Basé à Varsovie, ce jeune studio s’est donné pour mission de créer des jeux viscéraux, marqués par une forte identité artistique et un gameplay exigeant. Et avec RUINER, on peut dire qu’ils ont frappé fort d’entrée de jeu.
L’éditeur Devolver Digital, déjà bien connu pour ses productions audacieuses et souvent décalées, a vu dans RUINER une pépite cyberpunk capable de séduire les amateurs d’action intense et d’univers sombres. Le jeu est sorti en 2017 sur PC, PS4 et Xbox One, avant d’être porté sur d’autres plateformes.
Côté visuel, RUINER est un véritable hommage à l’esthétique cyberpunk, avec ses décors urbains écrasés sous les néons, ses rues crasseuses, et son atmosphère de surveillance constante. Les inspirations sont multiples : on pense à Blade Runner, Akira, ou encore Ghost in the Shell, mais aussi à l’univers graphique de Hotline Miami, dont RUINER partage l’intensité et la brutalité.
La bande-son, composée par Susumu Hirasawa, Sidewalks and Skeletons, et Zan Lyons, entre autres, renforce encore l’immersion dans cet univers dystopique avec des nappes électroniques sombres et des beats industriels entêtants.
Avec RUINER, Reikon Games a voulu marquer les esprits : c’est un jeu de passionnés, fait pour les joueurs en quête d’une expérience aussi radicale qu’élégante.

Gameplay et multijoueur
RUINER, c’est avant tout une expérience de gameplay viscérale. Le jeu se présente comme un twin-stick shooter en vue isométrique, où chaque affrontement est un ballet de mort à 100 à l’heure. Ici, pas de fioritures : on enchaîne dashs, ralentis, coups de barre métallique et tirs à bout portant dans un tourbillon de violence stylisée.
Le héros, muet et masqué, dispose d’un arsenal varié d’armes de mêlée et à distance, qu’il peut ramasser sur les ennemis au fil des combats. Mais ce qui fait la vraie richesse du gameplay, c’est le système de compétences. Il est possible de modifier ses pouvoirs à la volée : dash rapide, champ de force, contrôle mental d’ennemis, ralentissement du temps… Chaque joueur peut adapter son style en fonction de sa stratégie, de sa nervosité ou de la brutalité qu’il veut imposer.
Les ennemis sont nombreux, variés, et parfois impitoyables. Le jeu pousse à la maîtrise et à la réactivité. Il ne pardonne pas l’erreur, mais récompense la précision. Chaque rencontre est une danse sanglante où il faut apprendre, s’adapter et frapper fort.
Côté multijoueur, RUINER fait le choix de l’expérience solo pure. Pas de coopération, pas de PvP, pas de leaderboard : ici, c’est une plongée introspective, une vengeance solitaire dans un monde qui broie les âmes. Ce choix narratif et structurel renforce la puissance du propos : RUINER n’est pas un jeu de copains, c’est une odyssée de sang et de câbles à vivre seul, casque vissé sur les oreilles.

Prise en main
Dès les premières minutes, RUINER ne te prend pas par la main — il te jette dans l’arène. Pas de longs dialogues d’exposition ou de tutoriel interminable : ici, l’apprentissage se fait dans la douleur et le mouvement. Et ça fonctionne.
Le jeu commence par une mission de sauvetage sous haute tension. Tu incarnes un personnage au passé flou, dont la seule certitude est de devoir retrouver son frère. Rapidement, tu es connecté à Her, une mystérieuse hacker à la voix trafiquée qui t’assiste dans ta quête. Elle t’oriente, t’implante des capacités, te parle comme à un chien qu’elle dresse à la violence. L’ambiance est posée : nerveuse, oppressante, efficace.
La courbe de progression est bien dosée. Le jeu t’apprend vite à utiliser le dash pour éviter les balles, à varier les armes, à activer tes compétences au bon moment. Et si les premiers ennemis tombent facilement, les suivants te forceront à exploiter toutes les mécaniques de combat. On ressent clairement une montée en puissance du personnage… mais aussi de la difficulté.
Le HUD est épuré, les commandes sont très réactives, et la sensation de contrôle est immédiate. Que ce soit à la manette ou au clavier/souris, RUINER offre un feeling très satisfaisant. Les combats deviennent presque une chorégraphie où chaque mouvement compte.
En quelques minutes, on est happé. Le joueur comprend vite que ce monde ne lui fera pas de cadeaux — mais qu’il a les moyens de riposter.

Scénario
Le scénario et les différentes accroches pour garder le joueur captivé
L’histoire de RUINER s’ouvre sur une accroche simple mais efficace : « Retrieve your brother. Kill the Boss. ». Cette phrase s’affiche, rouge sang, sur l’écran, martelée comme une obsession. Elle devient ton seul objectif, ton moteur. Pas besoin de plus pour te lancer dans un monde où tout semble contre toi.
Tu incarnes un homme sans nom, contrôlé mentalement, puis « libéré » par une mystérieuse hacker surnommée Her, qui te guide dans les bas-fonds de Rengkok South, une ville cyberpunk rongée par les corporations et les expérimentations technologiques. L’accroche émotionnelle fonctionne à plein régime : tu ne sais pas qui tu es, tu as perdu ton frère, et la seule chose que tu possèdes, c’est ta rage.
Le jeu ne t’inonde pas de dialogues. Il préfère suggérer, distiller ses éléments de lore à travers des PNJ, des environnements, et quelques bribes de données. Cette approche minimaliste mais immersive te pousse à explorer, à t’interroger, à combler toi-même les zones d’ombre.
Les rebondissements
Sans trop en dire, RUINER sait surprendre. L’histoire semble linéaire au départ, mais les apparences sont trompeuses. Les manipulations mentales, les trahisons, les twists identitaires et les révélations sur les intentions réelles de certains personnages apportent des ruptures narratives intéressantes.
Chaque nouvelle zone du jeu apporte son lot de révélations : sur toi, sur ton frère, sur les véritables maîtres du jeu. C’est un récit qui joue sur l’ambiguïté, sur la frontière floue entre le réel et le simulé, entre l’humain et la machine.
Les différentes fins du jeu, sans trop faire de spoil
RUINER propose plusieurs fins, influencées par certains choix faits au fil de l’aventure. Sans entrer dans les détails, elles permettent une relecture du scénario à travers différents prismes, et ajoutent une légère rejouabilité pour les joueurs curieux ou perfectionnistes.
L’une des forces du jeu est de laisser place à l’interprétation. Rien n’est entièrement explicité, tout n’est pas noir ou blanc, et cela colle parfaitement avec l’univers trouble et oppressant du jeu. C’est une histoire de contrôle, de perte d’identité et de reconquête de soi, où le silence du protagoniste dit souvent plus que mille mots.

Conclusion
RUINER n’est pas un jeu pour tout le monde. C’est une expérience brute, rapide, parfois violente, souvent déroutante. Mais pour ceux qui aiment les ambiances cyberpunk sombres, les combats exigeants, et les univers qui laissent plus de questions que de réponses, c’est un vrai bijou.
La direction artistique est remarquable, la bande-son électro-indus colle parfaitement à l’ambiance, et le gameplay est un vrai plaisir pour les amateurs de précision et de stratégie en temps réel. On sent que Reikon Games a mis toute son âme de développeur indépendant dans ce projet, avec une vision artistique forte et assumée.
Certes, la durée de vie peut paraître courte (6 à 8 heures), et l’absence de multijoueur pourra en rebuter certains. Mais RUINER se vit comme un voyage intense et compact, un concentré de violence stylisée qui marque les esprits.
Si tu cherches un jeu qui va droit au but, qui te pousse à être meilleur à chaque combat, et qui ne t’explique jamais tout, alors RUINER mérite clairement une place dans ta ludothèque.
